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ASSOCIATION OUMONA

11 novembre 2007

discours de feu sa majesté le roi hassan 2

Discours de Feu Sa Majesté le Roi Hassan II lors de la cérémonie de clôture de la Conférence Ministérielle du GATT Marrakech, 12-15 avril 1994

M. Le Président,

MM. les Premiers Ministres, MM. Les Ministres,

M. Le Directeur Général, Honorables Délégués.

Nous venons de vivre ensemble, et le monde entier avec nous , un de ces moments privilégiés de l’histoire où l’humanité a toujours su trouver l’énergie et les ressources morales pour se donner un nouveau projet, susciter l’espoir de lendemains meilleurs et éloigner le spectre de la dépression ou du découragement.

L’atmosphère de ce moment que nous partageons, nous permet d’évoquer un souvenir inoubliable, celui de la tenue de la conférence d’Anfa, à Casablanca en 1943 et à laquelle nous avions le privilège d’accompagner notre auguste père que Dieu l’ait en sa miséricorde ; cette Conférence qui devait préparer le débarquement allié en Europe et à laquelle assistaient notamment le Président Roosevelt et le Premier Ministre Churchill, était en fait l’amorce, non seulement de la longue marche des alliés vers la victoire, mais aussi celle du vaste mouvement de libération des peuples qui étaient encore sous le joug colonial.

Ces hommes qui, par leur action et leur abnégation, ont permis au monde de renouer avec les valeurs de liberté et de démocratie, savaient que la fin des hostilités ne signifie pas la paix et, les mêmes causes produisant les mêmes effets, qu’ils ne sauraient instaurer une paix pérenne en l’absence d’un environnement propice à une croissance économique durable.

Les enseignements qu’ils ont tirés de la période des années trente et en particulier de l’impact du protectionnisme sur l’activité économique et sur la sécurité dans le monde, auront été déterminants pour l’élaboration de la Charte de San Francisco et des Accords de Bretton-Woods. La défunte Organisation Internationale du Commerce aurait pu permettre de compléter le dispositif de gestion multilatérale de l’économie mondiale, mais les vicissitudes de la politique n’ont pas permis de concrétiser le rêve de ces artisans de la paix.

Il aura donc fallu près d’un demi-siècle pour qu’enfin nous réussissions à faire prévaloir le droit sur les attributs de puissance.

En donnant naissance, ce jour, à Marrakech, à l’Organisation Mondiale du Commerce, nous consacrons l’Etat de droit dans les relations économiques et commerciales et internationales en faisant prévaloir les règles et disciplines universelles sur les tentations de l’unilatéralisme et sur la raison du plus fort.

En professant collectivement cet acte de foi, nous venons en définitive, d’enterrer le pacte colonial et de donner à l’interdépendance sa véritable signification.

Quelle que soit la taille de nos économies respectives, nous allons jouir désormais des mêmes droits et être soumis aux mêmes obligations.

Nous partageons les mêmes objectifs et devons relever les mêmes défis, qu’il s’agisse d’affronter le fléau du chômage, de remédier aux contraintes de l’exclusion sociale ou d’apporter les réponses pertinentes à nos préoccupations en matière d’environnement ou dans d’autres domaines.

Le fait que les négociations commerciales que nous venons de conclure solennellement aient démarré à Punta Del Este pour s’achever à Marrakech, c’est-à-dire dans deux pays du Sud, doit être lu comme le début d’une ère nouvelle où s’estomperont les antagonismes entre les pays industrialisés et les pays en développement. Les alliances qui se sont établies à l’occasion de ces négociations entre partenaires aux différents niveaux de développement, montre qu’un mouvement est en marche.. Il nous appartient de l’approfondir, de le consolider.

L’élargissement du nombre des parties contractantes qui confère une dimension universelle aux Accords qui viennent d’être signés, conjugué

avec les effets de la chute du mur de Berlin, met un terme aux clivages idéologiques qui ont freiné le développement harmonieux de l’économie mondiale. Désormais, les 4/5 de la population mondiale vivent dans des systèmes à économies de marché et plus de cent pays ont engagé des processus de privatisation de leurs entreprises publiques.

C’est enfin un heureux présage, que de voir notre réunion à Marrakech coïncider avec la mise en application des Accords conclus entre l’OLP et Israël. Ces Accords qui permettent au drapeau palestinien de flotter sur une partie de son territoire, marquent le début du processus d’extinction définitive du plus ancien foyer de tension dans le monde.

Tout ceci pour vous dire que le monde qui se profile à l’horizon ne peut guère ressembler à celui dans lequel nous avions évolué jusqu’alors.

Cette globalisation pourrait être porteuse de plus grandes inégalités entre pays et aggraver les symptômes d’exclusion sociale que nous observons chez les pays nantis autant que chez ceux qui le sont moins. Elle appelle donc la création et la mise en oeuvre de nouveaux mécanismes de solidarité collective et exige une nouvelle approche des problèmes du développement économique et social.

Si bon nombre de pays en développement ont restructuré courageusement leurs économies pour mieux les intégrer dans l’économie internationale, c’est parce qu’ils étaient convaincus des vertus de la rigueur financière et de la nécessité d’en limiter le coût social qu’ils doivent supporter à titre transitoire.

Ce coût requiert une contrepartie de la part des pays développés, sous la forme d’ajustements symétriques propres à favoriser l’accès aux marchés et la transparence des conditions d’une concurrence loyale au moyen, en particulier, d’une plus grande stabilité monétaire.

La situation spécifique de l’Afrique mérite une attention particulière. Le Maroc, pays musulman, arabe et africain, qui a été l’un des pionniers des mouvement d’émancipation en Afrique, est particulièrement conscient des défis que nous devons affronter. Il nous importe de regarder la situation avec lucidité, en admettant que le bilan de quarante années d’indépendance est plutôt contrasté . Des erreurs ont certes été commises, des réussites ont été enregistrées ça et là, mais personne ne peut se permettre d’ignorer les dangers latents d’une situation où le déséquilibre des niveaux de développement est aussi accusé. Ne nous

méprenons pas sur les années qui viennent et sur la menace d’exclusion de tous un continent de l’économie mondiale. Demandons - nous, après toutes les initiatives qui ont été prises pour sauver l’Afrique, si le moment n’est pas mûr pour un vrai plan Marshall qui viendrait soulager la misère et les souffrances de millions de personnes.

M. Le Président,

MM. les Premiers Ministres, MM. Les Ministres,

M. Le Directeur Général, Honorables Délégués.

Lorsque nous vous avions invités à envisager de procéder à la signature de l’acte final de l’Uruguay Round à Marrakech, invitation que nous nous aviez fait l’honneur et le plaisir d’accepter, nous étions mus par plusieurs considérations essentielles.

En effet, et pour ne citer que quelques exemples, Marrakech a été durant des siècles, un carrefour commercial et civilisationnel entre l’Afrique et l’Europe et entre celle-ci et le monde Arabe. C’est à Marrakech, en 1788, qu’a été rédigé l’échange de lettres entre le Sultan Sidi Mohammed Ben Abdellah et George Washington, qui faisait du Royaume du Maroc la première nation à reconnaître l’indépendance des Etats-Unis d’Amérique. Ces documents qui demeurent toujours en vigueur, traitaient de la paix, de l’amitié et de la liberté de navigation et de commerce.

C’est dans cette même ville, en 1856, qu’eut lieu un échange d’instruments diplomatiques entre la Reine Victoria et le Sultan Moulay Abderrahmane. L’accord commercial objet de cet échange, a été le modèle sur lequel ont été conçus la plupart des traités de l’époque. Il surprendrait plus d’un par sa modernité et par sa compatibilité avec les règles et disciplines que nous venons de convenir aujourd’hui : la clause de la nation la plus favorisée y a été utilisée pour la première fois.

C’est donc dans l’une des plus veilles nations commerçantes de ce monde qu’auront été conclues les négociations commerciales les plus complexes et les plus importantes que l’homme ait connues.

En apposant sa signature à coté de celles des parties contractantes ici présentes, le Royaume du Maroc renoue ainsi avec une tradition de libre-échange dont il ne s’est jamais départi depuis son origine jusqu’au dernier conflit mondial.

Cette tradition ne se limite pas au seul domaine du commerce. Elle embrasse aussi l’ensemble de nos choix sociaux. Lorsqu’il a opté pour le pluralisme et pour l’interdiction du parti unique dans sa première Constitution proclamée au lendemain de son indépendance, le Maroc avait pleinement conscience du fait qu’une politique économique véritablement libérale doit se nourrir d’abord des valeurs de la démocratie, du pluralisme politique et syndical.

Sa détermination constante à promouvoir un système économique qui privilégie l’initiative privée et l’émulation que crée une concurrence raisonnable, lui ont permis de demeurer dans le sentier d’une croissance durable, de remédier aux déséquilibres structurels et d’attirer l’investissement étranger.

L’expérience que nous avons accumulée depuis des siècles, nous a permis de nourrir notre vocation de terre de réflexion, d’audace et d’innovation, et nous a enseigné les vertus de l’humilité et l’impératif de lucidité.

Ce qui nous amène à conclure que si les Accords de Marrakech apportent une pierre essentielle à notre édifice commun, en revanche, ils ne peuvent être considérés comme une fin en soi .

Ces Accords doivent nous interpeller et solliciter notre imagination créatrice en vue de la construction d’un nouvel ordre international.

Nous pensons que les condition viennent seulement d’être réunis pour une réflexion collective, sereine, sur le fonctionnement de l’économie mondiale du siècle prochain.

Les échanges commerciaux ne sont qu’un élément d’une trilogie où les questions de la monnaie et de la finance sont interdépendantes les unes des autres . L’impact des politiques monétaires menées par les grands acteurs de l’économie internationale génère souvent des effets pervers qui remettent en cause les acquis de nos efforts de restructuration.

Nous nous proposons, à cet égard, d’étudier, avec vos Chefs d’Etats respectifs, la pertinence de la création d’un groupe intergouvernemental de réflexion sur les nouveaux mécanismes de négociation économique internationale à créer en vue :

  1. • d’une meilleure coordination des actions du FMI, de la BIRD et de l’OMC ;
  2. • d’une plus grande contribution des pays du Sud à la mise en oeuvre concertée d’une stratégie de relance de l’économie mondiale pour apporter la réponse qui convient à ce fléau du XXIè siècle qui sera le chômage.

M. Le Président,

MM. Les Premiers Ministres, MM. Les Ministres,

M. Le Directeur Général, Honorables Délégués,

Nous rendons grâce à Dieu d’avoir permis à notre rencontre de compter parmi celles qui, servant la coopération internationale, en élargissent le champ, renforcent les bases et consolident les règles. La Charte de Marrakech la concluant, vient à propos enrichir la chaîne de conventions internationales sur lesquelles la société contemporaine a érigé les supports de son unité, tournant ainsi le dos aux causes de dissension et d’inimité pour s’insérer dans le cycle des rapports favorisant le règne de la paix et de l’entente.

Aussi, lorsque ce pays tire fierté d’avoir accueilli vos travaux, ne fait-il rien d’autre qu’exprimer à bon droit ses aspirations et ses choix de toujours demeurer ouvert sur le monde, constamment pénétré des principes de la coopération internationale.

Félicitons-nous donc tous de ce pas gigantesque en direction d’une coopération internationale plus large et plus dense, de cette avancée vers une solidarité internationale que nous espérons voir marquer de façon significative le cours du prochain siècle. C’est la confirmation de cette solidarité, plus que toute autre promesse, qu’au demeurant, nous attendons du projet d’un nouvel ordre mondial.

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11 novembre 2007

le roi hassan 2

Feu Sa Majesté le Roi Hassan II, est né à Rabat le 9 juillet 1929 et décédé le 23 juillet 1999. Son règne a duré 38 ans (1961-1999).

Il a reçu au Palais Royal les premiers enseignements de la science coranique. Après de brillantes études universitaires à Rabat et à Bordeaux (France), Sa Majesté le Roi obtint, en 1951, le Diplôme d'Etudes Supérieures en droit public.

Chef suprême des armées et Amir al mouminine(commandeur des croyants) en sa qualité de descendant direct du prophète, feu SM le Roi Hassan II a consacré sa vie à la création du Maroc moderne.

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